Personne ne nous dit comment le faire ; et quand on a comme seule référence le porno et rien d’autre, alors le vaginisme et l’éjaculation précoce apparaissent.

« Les femmes n’aiment pas la pénétration » et « les hommes jouissent vite » : ces clichés sont dus à une grande désinformation sur la sexualité.

Éjaculateurs précoces.

A mon avis, l’éjaculation précoce peut toucher presque tout le monde. En effet, lorsque nous connaissons bien notre orgasme, nous créons la mauvaise habitude d’y arriver trop rapidement.

Mais les vrais éjaculateurs précoces, il y en a vraiment très peu.

Beaucoup arrivent vers moi en disant qu’ils sont éjaculateurs précoces. Le fait est qu’ils n’ont même pas essayé une seule fois de se retenir, et qu’une femme peut faire éjaculer rapidement un homme. Ils le mettent et le font facilement. Avec un pénis en érection et une personne sur qui vous enfiler, il est facile de jouir. Ils ont également su l’enseigner aux femmes. Et plus encore les professionnelles du sexe.

Une travailleuse du sexe veut que vous alliez vite. Donc, si vous faites partie de ceux qui se masturbent devant du porno et qui font appel aux services sexuels, il est vrai que la plupart du temps vous venez rapidement. Mais cela ne fait pas de vous un éjaculateur précoce. Ou si vous baisez toutes les deux semaines, vous êtes également très susceptible d’être rapide. Dans ce cas, je le suis aussi.

Mais d’autres fois, c’est le contraire qui se produit : vous voulez jouir vite et pourtant, ça ne vient pas.

Chaque fois est différente.

 Une chose que j’ai changée dans ma sexualité est de ne pas faire venir l’homme vite. Au contraire, je le retiens, je l’arrête et je profite de cette sensibilité qu’il y a avant qu’il ne vienne. 

Parce que jouir et  se dire que ce sera plus long la deuxième fois, c’est oublier que ce sera aussi moins sensuel, plus difficile d’atteindre le plaisir, etc.

Avant, on vous disait bonne au lit si vous faisiez venir l’homme rapidement. Les hommes vous l’apprenaient.

Maintenant, comme mes tarifs sont élevés, les clients veulent faire bon usage du temps. Ils s’inquiètent de venir vite, et demandent s’ils peuvent éjaculer plusieurs fois. 

Mais la meilleure chose, à mon avis, est de tenir et de contrôler cette excitation et de prolonger le plaisir du premier orgasme.

Les hommes peuvent aussi faire venir une femme rapidement, mais nous ne leur avons pas enseigné et peu ont appris par eux-mêmes. Mais je suis sûre qu’il n’y a pas tellement de femmes qui ont cette obsession : « Oh, je vais venir trop vite ! On pourra le faire une deuxième fois ? »

Ceci, dit du point de vue d’une femme, semble absurde?

En fait, c’est pareil.

Et le vaginisme des femmes?

Il semble que, lors de la première fois, on ne sache pas bien expliquer comment un vagin est défloré. Il n’y a aucune information.

Tout le monde aurait dû être informé et préparé à savoir quoi faire lorsque vous avez des relations sexuelles pour la première fois. Cela éviterait le vaginisme.

Je l’exprimerais de cette façon.

Après les préliminaires, les baisers, les caresses et autres, vous commencez par stimuler le clitoris externe, par exemple avec votre langue. Comme avec un pénis quand il n’est pas en érection. Vous êtes stimulé(e) jusqu’à être excité(e).

Eh bien, la même chose est vraie pour les femmes : le clitoris externe est stimulé de sorte que la femme commence à être excitée, son vagin à se lubrifier et à se dilater.

Vous savez que la femme commence à être excitée quand elle commence à mouiller.

Un conseil : l’excitation sera plus grande si, en continuant à toucher le clitoris externe, vous insérez doucement votre doigt dans le vagin (dans la plupart des cas).

Une fois que les deux sont excités, alors la pénétration peut commencer, en insérant le pénis très lentement, petit-à-petit. L’homme doit sentir que son pénis glisse sans forcer l’entrée, à mesure que l’intérieur s’ouvre.

Je conseille à une femme de continuer à stimuler son clitoris externe tout en étant pénétrée.

Je suis sûr que si c’est fait comme ça, la femme aura son premier orgasme vaginal et voudra le répéter.

Je me souviens de mon premier petit ami, qui me pénétrait sans ménagement. Je devais endurer la douleur jusqu’à ce qu’il jouisse.

Les hommes et les femmes sont-ils totalement différents ?

Pas du tout. Nous sommes exactement les mêmes, mais avec une anatomie différente.

Mais là où nous sommes vraiment différents, c’est dans l’éducation sexuelle. On a mis beaucoup de tabous sur les femmes, par exemple en leur demandant de se marier vierges. Tandis qu’on autorisait ou qu’on poussait les hommes à se déniaiser avec des prostituées ; puis à baiser autant qu’ils le pouvaient. Ils y étaient donc encouragés.

Le monde pense donc que nous sommes différents.

L’éducation sexuelle, émotionnelle et psychique des femmes est donc super injuste. Eh bien, les hommes en souffrent, car ils tombent amoureux de femmes qui ne connaissent pas leur sexualité. Les relations sexuelles ne sont pas aussi bonnes qu’elles le pourraient.

C’est dommage à quel point le sexe et le plaisir sont cachés dans ces relations.

Il y a même des cultures qui sont allées jusqu’à couper le clitoris des femmes. Quelle sauvagerie ! Et ça continue !

Comment se fait-il que la femme ne puisse pas avoir de plaisir? Mais de quelle tête folle cette tradition est-elle sortie ? Nos ancêtres qui ont vécu pour que ce massacre clitoridien ait lieu, pourquoi ne se sont-ils coupent-ils pas leurs sifflets ?

Est-ce que seuls les hommes ont droit au plaisir ? Les femmes n’ont droit qu’à avoir des enfants? Je me demande d’où viennent ces traditions et croyances.

Pour procréer, l’homme connait nécessairement l’orgasme (pour libérer le sperme). Pour que la femme procrée, l’orgasme n’est pas nécessaire. Pourquoi le corps humain est-il comme ça ? Je me le demande.

Cela me semble tellement injuste.

Cette injustice anatomique est renforcée par les croyances et coutumes religieuses.

La femme vierge au mariage.

Je ne pense pas que cela ait un sens. Il est important pour moi de savoir comment va se dérouler ma relation sexuelle avec une personne avant de l’épouser. Non seulement avant de se marier, mais aussi pendant la relation amoureuse. Si la relation sexuelle n’est pas bonne, alors pourquoi continuer avec cette personne ? Le sexe n’est pas la chose la plus importante, mais c’est important dans les relations. Surtout du bon sexe.

J’espère que maintenant, avec la mondialisation et internet, l’égalité des droits des hommes et des femmes se réalise dans le monde entier.

Chaque femme mérite le respect de pouvoir décider de ne pas être jugée, maltraitée et même rejetée.

Je rends grâce à la vie d’être née là et à l’époque où je suis née : une société où les femmes ont des conditions égales à celles des hommes. Au moins face à la loi, il en est ainsi.

Et je suis sûre qu’être née dans les années 70, juste à une époque où la religion était presque obligatoire dans mon pays, cela m’a rendu anorgasmique. Mais ce n’était pas anorgasmique, c’était qu’ils ne m’avaient pas dit comment toucher le clitoris. Et mes partenaires n’en avaient aucune idée non plus. 

Bien que je puisse dire que je me suis rattrapée dans les années suivantes ! Pour avoir le plaisir que je ressens en ce moment, j’ai dû faire beaucoup de sexe – je suis devenue une travailleuse du sexe.

Imaginez ces personnes, peut-être nombreuses, qui ne savent toujours pas profiter de la merveille de l’orgasme, dont la nature nous a dotés !

De nos jours, avec internet et avec des professionnel.le.s comme moi et bien d’autres, ceux qui ne vivent pas un bon moment d’excitation et d’orgasme, c’est parce qu’ils n’en ont pas envie, car il y a déjà beaucoup d’informations.

Merci internet!

Maintenant, mon travail consiste à apprendre à ces femmes et à ces hommes à se laisser emporter par leurs instincts et à ne pas se conformer à ce que leur culture et les écrans leur apprennent.

Pour enseigner le fonctionnement de votre corps et celui des autres.

Alors cette vie sexuelle saine et enrichissante commencera.

Sortez des tabous sexuels et normalisez la sexualité.

Si vous souhaitez parler de sexe sans tabous, je vous invite à rejoindre notre communauté de sexualité.

Nous nous réunissons une fois par mois pour zoomer et nous parlons tous de sexualité avec le naturel qu’elle mérite. Sans préjugés ni tabous. Personne n’est jugé.

Donc, ne soyez pas timide et sortez votre sexualité du placard !

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