Depuis longtemps, pas seulement maintenant en tant qu’escorte, j’ai voyagé et vécu dans différents pays, et beaucoup de choses me semblent toujours très curieuses. Ce qu’on apprend de là où on vit devient automatique. Et pour certains c’est étrange et pour d’autres c’est la chose la plus naturelle et la plus normale du monde.

C’est pourquoi c’est évident pour moi que nous sommes le système que nous créons. Nous n’avons plus rien de notre propre instinct! Il disparaît au fil des ans.

Nous vivons dans le même monde mais dans des systemes différents. Ça dépend de quel pays ou continent on vient.

La façon de conduire.

J’emporte toujours mon scooter avec moi, ça me donne beaucoup de liberté et ça m’aide à ne pas perdre de temps. Et ça m’apprend que tous les lieux n’ont pas les mêmes règles de conduite.

Je conduis une mobylette depuis l’âge de 14 ans et une voiture depuis l’âge de 18 ans. J’ai obtenu mon permis de conduire de moto et de voiture à Madrid. J’ai beaucoup roulé et je continue à le faire, mais surtout maintenant je change de pays. Et moi, les règles que j’ai apprises et que mon cerveau fabrique automatiquement sont celles de l’Espagne.

J’ai commencé à conduire à Zurich, á Genève, á Paris et maintenant aussi en Angleterre, où j’avais déjà conduit quand j’y vivais comme fille au pair pendant un an, à l’âge de 23 ans environ. La famille me laissait constamment sa voiture, c’était une chance.

Et les normes, les panneaux de signalisation et les couleurs sont différents dans chaque pays. Il y a des similitudes mais d’autres règles sont totalement différentes.

Par exemple à Paris, à l’intérieur des ronds-points, vous laissez ceux qui entrent à votre droite. Si vous allez dans une rue, petite ou principale, généralement s’il n’y a pas de panneau, vous devez également laisser ceux qui arrivent sur votre droite.

En Espagne, c’est super différent. Celui qui se trouve à l’intérieur du rond-point à la priorité encore et a toujours une priorité qui passe par une route principale.

Et vous devez faire attention, car vous avez tendance à agir de manière mécanique, ce qui peut vous causer un accident. Et sur une moto c’est encore plus dangereux.

C’est pourquoi il est normal qu’au début, vous vous trompiez et pensiez que le rond-point de l’Arc de Triomphe c’est une folie. Cela impressionne les premières fois, vous ne savez pas comment le faire. Parce que si vous venez d’un pays où les voitures engagée ont la priorité, vous serez surpris: c’est comme la roulette russe (comme beaucoup de Parisiens l’appellent.).

Une autre chose curieuse: les passages piétons n’existent pas pour les automobilistes parisiens. Vous, comme piéton, vous n’osez pas traverser car inconsciemment, les automobilistes ne se préoccupent  pas de céder le passage au piéton. Ils ne le font jamais.

Par contre, à Zurich c’est exagéré, on n’est pas encore arrivé au passage pour piétons que la voiture est déjà arrêtée.

Et que faut-il dire de la façon de conduire en Inde! Celui qui y a déjà été, sait de quoi je parle. Le premier jour, vous ne pouvez pas traverser une grande avenue. Ensuite, vous vous y habituez et vous arrivez à esquiver les voitures comme tous les piétons le font.

Mais ce que j’ai vérifié, c’est que toutes les méthodes fonctionnent. L’important ,c’est que tout le monde fasse de même pour qu’il n’y ait pas de bazar.

Maintenant que je change tellement de pays, je dois habituer mon cerveau pendant quelques jours.

…… ..

Un jour, j’ai réussi à ne pas tomber de scooter au rond-point  “roulette russe” (Arc de Triomphe), grâce à je ne sais quoi qui m’a aidée.

Il pleuvait, (comme c’est étrange! A Paris il pleut !!) et tout à coup je me suis retrouvée dans un trou, il fallait que je serre le guidon et je ne sais pas comment? Je ne suis pas tombée et j’aurais pu gâcher le mariage de mon ami. J’allais boire quelque chose la veille du mariage. Imaginez si ce jour-là, je me casse quelque chose ou si je me tue. (Que je suis tragique!). Mais oui, un très grand danger. Le lendemain, j’ai vu le trou (qui, d’ailleurs, n’existe plus maintenant) et il semble un peu gênant pour une ville comme Paris d’avoir des rues si dangereuses et pleines de trous que les jours de pluie, qui sont nombreux, presque invisibles. Super dangereux, je peux vous assurer !!

Paris est très belle avec ses rues pavées, mais horrible et dangereuse pour les motos et les voitures. Soit ils ont coupé la circulation, soit ils ont goudronné les voies. Mais comme c’est le cas maintenant, c’est un peu kamikaze.

À Genève, on conduit comme en France, cela montre qu’ils sont cousins ​​germains, mais en Suisse tout est plus récent et organisé.

Et à Zurich, c’est un autre monde, les rues sont mieux préparées pour les tramways et les vélos et presque aucune voiture ne circule, les gens se déplacent beaucoup dans les transports en commun qui fonctionnent très bien. Sa culture est davantage celle du vélo ou du bus. On ne voit presque pas de voitures ou de motos en ville. La majorité de celles que l’on voit sont celles de ceux d’entre nous qui viennent de l’étranger.

Maintenant, j’ai été à Brighton où j’ai conduit un scooter.  J’avais oublié la façon de conduire des Britanniques mais maintenant que je conduis à nouveau au Royaume-Uni, je confirme que j’aime bien. Ils ne courent pas, ils conduisent très calmement et respectent toujours les règles. Bien sûr, il y a toujours des exceptions, mais pas trop.

Les repas.

Chaque pays a sa spécialité gastronomique. On ne doit pas croire que l’on a la meilleure cuisine au monde, car ce n’est pas le cas. Croire que votre pays est le meilleur et ce qu’il y a de mieux, c’est être chauvin. Et honnêtement, chaque région a sa spécialité.

J’ai eu une grande surprise avec l’Angleterre. Nous devons donner tort à cette mauvaise réputation qui la précède.

Les fraises, les mûres et les framboises du Royaume-Uni ont un goût que je n’ai jamais trouvé en Espagne, même en les payant chers. Et ils ont inventé de nombreux plats et ils ont fait de la cuisine un art auquel la réputation qui les précède ne leur rend pas justice.

On critique beaucoup le Royaume-Uni pour sa nourriture, mais j’ai constaté une évolution notable. Ils maîtrisent la technique de la cuisine et créent des choses merveilleuses.

Il est clair que chaque climat et géographie a ses points forts. Et avec la mondialisation, l’importation et l’exportation, on peut créer  la meilleure cuisine partout.

Les Anglais ont une économie si élevée et un taux de chômage si bas que de nombreux émigrés sont restés et ont trouvé leur confort. Et ils ont été si ouverts aux cultures et ont accepté toutes les nationalités. C’est pourquoi on trouve des plats du monde entier et, surtout, à toutes sortes de prix abordables pour tous.

La mondialisation s’observe beaucoup dans les aliments.

Comme presque partout, on trouve aussi beaucoup de malbouffe: il faut se contrôler pour ne pas la consommer. Parce que la malbouffe est souvent délicieuse.

La Suisse est assez basique pour la nourriture et c’est cher. En fin de compte, on se débrouille avec Lidl, Denner et Aldi. Parce que dans les supermarchés les plus courants tels que Migros et Coop, vous pouvez obtenir le triple du prix d’achat. Et pour ceux d’entre nous qui viennent de l’étranger ça nous semble très cher.

Dans ces cas, on n’accorde pas autant d’importance à la nourriture. Ce n’est pas la chose la plus importante dans cette vie et il y a beaucoup plus d’options!  par exemple, l’été merveilleux, de l’eau, du soleil, de la nature et des températures agréables. Et les stations de ski qu’ils ont!

Quand je suis à Genève, je prends habituellement mon scooter et je vais en France pour faire les courses. Je ne sais pas si je fais bien ou mal, mais penser à moi est le mieux et le plus économique, non seulement pour le prix, mais aussi pour la variété.

Si on n’est pas habitué à ces prix, il est normal que ça semble cher, mais les Suisses sont très habitués et paient normalement. Et ils ont tendance à utiliser des produits locaux et il ne semble pas y avoir de maltraitance animale.

Les Français, ils font très bien ce qu’ils font. Les croissants, les gâteaux et les crêpes sont délicieux. Et les supermarchés ont beaucoup de choix. Sauf à Paris, en France le prix est juste un peu plus élevé qu’en Espagne. Et si vous allez au restaurant, vous aimerez sûrement ce que vous demandez. Et pour un prix de 20, 30 €, on mange bien. Et avec 50 €, on mange très bien et de qualité.

Pour parler de mes goûts personnels, j’adore la cuisine thaïlandaise et la cuisine indienne : leurs saveurs sont incroyables.

On dit que la cuisine coréenne est incroyable. Je l’ai essayée dans des restaurants parisiens, mais pas directement en Corée, où J’imagine que ça doit être encore plus incroyable. Il faut y aller!!!

Et les clients !!!

Chaque jour, je remarque que ce ne sont pas les nationalités, ce sont les gens qui sont différents . Oui, il y a des coutumes culturelles, mais chaque personne est un monde. On ne peut pas généraliser que tous les Maghrébins sont les mêmes ou que les Français sont des snobs et les Anglais sont secs.

Puisque j’apprends des langues et que je peux communiquer avec beaucoup de gens, je vérifie encore plus que les stéréotypes sont très confus. La langue est un handicap.

Mais l’éducation, le type d’écoles dans lesquelles on étudie dans chaque pays, est très différent.

Ceux qui ont la meilleure éducation sont les Allemands et les Suisses. Et les Français, en général, sont assez polis, mais on trouve aussi des gens grossiers et irrespectueux. Cela se produit partout, mais davantage à certains endroits qu’à d’autres.

Les Anglais ont la réputation d’être polis, mais le mois où j’étais à Brighton et Worthing, ils ont été très impolis envers moi. Je ne sais pas si c’est parce que les femmes de ma profession les traitent de la sorte, et  que eux, ils font de même. Mais je pense qu’ils m’ont manqué de respect à maintes reprises. Ils raccrochaient sans dire au revoir, me laissant le téléphone portable à l’oreille comme une imbécile. Ils me posaient des lapins. Beaucoup arrivaient en retard. Et à la porte ils négociaient de nouveau le prix .Je pétais des câbles !

En fait, cela m’arrive partout où je vais au début. Jusqu’à ce quejusqu’à ce que je fasse le tri en bloquant leurs téléphones et en apprenant leur langue. Le téléphone est épuisant, j’en perds encore ma patience.

Je n’ai jamais aimé marchander et maintenant je déteste qu’on me le fasse. Ça me fait chier. C’est toujours un mauvais commencement. On n’a plus envie de baiser quelqu’un comme ça.

En fait, les clients de Worthing m’ont laissé un goût amer.

Et les Espagnols, avec qui j’ai travaillé pendant 7 ans, je peux donc le dire en connaissance de cause, sont exigeants et veulent payer peu. Ils ne peuvent donc pas prétendre au meilleur service s’ils ne paient pas ce qu’ils doivent payer. Ils sont comme les riches des pauvres et les pauvres des riches.

J’ai dû quitter l’Espagne pour être valorisée. L’Espagne est triste avec mon métier. Mais bien sûr, il y a des avantages: j’aime le temps, le soleil, l’environnement.

En Espagne, un client a critiqué ma maison, disant qu’elle était une porcherie. Quel culot! Quel grossier personnage, à donner son avis ouvertement!  Celui qui a connu ma maison à Leganés peut confirmer que c’était une maison, que pour de nombreuses cultures, on appellerait une maison de luxe.

Je retournerai en Espagne?

Quand j’ai quitté Madrid en octobre, je suis partie avec l’idée de retourner en Espagne dans quelques années. Maintenant, je pense que je ne reviendrai pas avant plusieurs années. Je me suis sentie coincée en Espagne. Je n’apprenais rien de nouveau.

Pour le moment, j’ai un plan sur l’année à venir, et les chances de retour en Espagne sont plutôt nulles.

Mais bon, dans cette vie, on ne sait jamais et parfois ça change d’un jour à l’autre.

Ça m’est arrivé à certaines occasions. D’un mois à l’autre, ma vie a changé à 180 degrés. Comme quand j’ai eu mes accès psychotiques.

Enfin, il semble que même si je suis dans différents pays, j’ai créé ma routine. C’est pour cela que je n’ai plus ces impressions de sentir d’autres réalités. Maintenant,  je ne stresse plus.

Depuis que j’ai créé mon propre système, je n’ai eu aucun accès dépressif. C’est vrai que je prends tous les jours avant d’aller me coucher un Seroquel (Quétiapine) de 100 mg.

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